Il fallait s’y attendre, mais Christopher Nolan nous a encore surpris avec Tenet, son nouveau film d’action mettant en scène une planète Terre attaquée par ses descendants via un système de bascule temporelle.
Le film était attendu, tant par le public que les distributeurs qui espèrent booster la fréquentation de leurs salles avec la sortie de Tenet. La barre était déjà haute, mais le défi est largement relevé. La nouvelle production de Nolan, qu’il a écrite et réalisée lui-même, fait suite à Dunkerque, sorti en 2017, qui avait lui-aussi fait l’unanimité tant de par sa réalisation que de par l’originalité de la période historique mise en scène.

Là encore, Tenet nous laisse bouche-bée. Nolan brouille les codes, mélange les genres et alterne tout le long du film entre action : nombreuses sont les scènes musclées, aventure : le scénario voyage entre Europe et Asie, et science-fiction grâce au concept phare du film : l’inversion temporelle.
Tenet met habilement en scène le génie fou de Christopher Nolan, et son rapport très particulier au temps. Déjà brillamment exploité dans Interstellar (2014) et ses trous de verre utilisés comme moyen de communication inter-temporel, ou dans la triple temporalité de Dunkerque (2017) : avion, bateau, terre, le réalisateur nous fait part d’une nouvelle hypothèse quant à la perception du temps. Une technologie, venue du futur, permet un basculement dans l’avenir afin de voir ce qu’il se passe dans le présent. Incompréhensible de prime abord, certaines des actions dans le présent se trouvent inversées, car réalisées dans le présent depuis l’avenir, faisant progressivement émerger les preuves d’une guerre temporelle. Nolan se plait toujours autant à jouer avec les mécanismes de la mécanique quantique, un exercice délicat mais habilement réussi, pour le plaisir de nos matières grises, qui ne cessent d’être sollicitées, tout le long du film.
Bien que la thèse du film soit complexe à saisir, ce que l’on reproche d’ailleurs souvent à Christopher Nolan, on distingue finalement une explication au propos du film. Ces attaques inversées seraient commises depuis l’avenir, dans un futur sinistré par les générations présentes, pour tenter d’éviter de conduire l’humanité à sa perte. Le film soulève en toile de fond plusieurs questions politiques : dette envers l’avenir, marchands d’armes, espionnage et puissance nucléaire.
Hormis l’incroyable complexité de la réflexion développée dans le film, Tenet brille par sa réalisation. Les scènes d’action classiques sont remarquables, très inspirées du style de la saga James Bond, celles d’action inversées le sont plus encore tant leur originalité brouille nos habitudes. On relèvera les très bonnes prestations de John David Washington, déjà très bon dans Blackkklansman (Spike Lee, 2018) ainsi que de Robert Pattinson étonnant dans ce rôle. Les impressionnants décors viennent renforcer l’aspect spectaculaire de Dunkerque, de même que la puissante bande originale composée par Ludwig Göransson (Black Panther, The Mandolorian).

En définitive, bien que Tenet récoltera les nombreuses critiques fréquemment attribuées aux blockbusters américains : notamment le reproche de ne pas approfondir davantage ses personnages, la production de Christopher Nolan n’en demeure pas moins détonnante, bouleversante de complexité, riche en subtilités physiques, brillante dans la réflexion qu’elle provoque en chacun de nous à la sortie de la salle. C’est ce génie propre à Christopher Nolan que l’on vient chercher en allant voir ce film. Tenet est, comme la plupart des projets du réalisateur, à voir, revoir, plusieurs fois, pour tenter de saisir un peu plus la richesse de son propos. Et pour une fois, pourquoi ne pas le regarder en inversé ?
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