La team Place Quatre a eu l’occasion d’interviewer pour vous Joachim Garraud lors de l’édition 2021 de l’Elektric Park Festival, immense évènement musical électro-techno, qui se joue chaque rentrée sur l’Ile des Impressionnistes, à Chatou. Programmation, contraintes d’organisation liées au covid, coups de coeur et pistes pour l’an prochain, … : rencontre avec Joachim Garraud, DJ, producteur et organisateur du festival, pour aborder ces sujets.
Est-ce que tu peux te présenter rapidement et nous dire qui tu es ?
Joachim Garraud – « Je suis responsable d’une pizzeria dans le 16ème (rires). Je suis Joachim Garraud, passionné de musique depuis l’âge de 12 ans. Aussi compositeur, producteur de festival (EPK) depuis 2010 et DJ. »
Tu joues d’un instrument en particulier ?
Joachim Garraud :« J’ai fait le conservatoire de piano et de percussions à Nantes, même si sur scène et dans le studio, quand je compose, je joue plus du clavier électronique ou de la batterie. »
Qu’est-ce que ça fait de pouvoir reprendre l’organisation d’un tel festival, comme l’édition 2020 avait due être annulée à la dernière minute ?
Joachim Garraud : « Alors l’organisation ne s’est jamais arrêtée, parce qu’organiser, c’est pas la même chose que produire. Organiser, c’est en amont et aujourd’hui, on produit enfin. Ҫa fait beaucoup de bien et je pense à tout le monde, aussi bien aux festivaliers qui ont le sourire aux lèvres aujourd’hui, qu’au personnel qui travaille et aide à la production de ce festival. »
Quelle a été la plus grande crainte de ton équipe dans la préparation de ce festival au regard du contexte sanitaire ?
Joachim Garraud : « On passe pas à ça quand on fait un festival. La crainte aujourd’hui, ça peut être n’importe quoi, entre une nouvelle pandémie ou une alerte terroriste. Non, moi je ne crains pas grand-chose. Pour cette année, c’était clair : à partir du moment où on avait mis en place le test PCR négatif et le pass sanitaire, on était pas réduit par la jauge. Ce qui m’embêtait, c’était de produire un festival de cette taille pour 5000 personnes, ce qui est impossible financièrement. Donc cette année, pas de crainte mais le pire pour nous était l’année dernière, quand on a dû annuler à 15 jours de l’évènement, alors que je continuais à y croire jusqu’au dernier jour. »
Ce que tu dis là, c’est que clairement, vous n’auriez pas pu mettre des milliers de chaises pour faire un festival assis ? (rires)
[Contexte : au printemps 2021, le Ministère de la Culture, interrogé sur la reprise des évènements culturels à l’été avait indiqué que du fait du contexte sanitaire, les festivals devraient impérativement avoir lieu en version exclusivement assise]
Joachim Garraud : « Non, moi je ne voulais évidemment pas faire un festival assis ni pour 5000 personnes. Donc je crois que j’ai bien fait parce que je préfère ne rien faire plutôt qu’un festival moyen. Et là, je peux te dire que ce qui est en train de se passer est ouf : à 12H15, la scène principale était pleine, ce qui nous est jamais arrivé. Et aujourd’hui, pour le samedi, on est sold out. Je pense qu’il a vraiment eu un engouement cette année à cause de l’annulation d’EPK 2020. »
Au final, le passe sanitaire, qui était apparu comme un obstacle pour de nombreux organisateurs, ne vous a pas tant gênés que ça ?
Joachim Garraud – « Non, c’est finalement une bonne chose car ça nous a permis d’avoir une jauge normale. La preuve : une fois que les gens sont entrés dans le festival, ils font la fête et moi, c’est ce que je veux (grand sourire). »

Fini les questions covid, parce que nous aussi on en a marre de cette pandémie… Pour la première fois, le festival se tient sur deux jours. Pourquoi un tel choix ?
Joachim Garraud – « Je veux faire ce festival sur 2 jours depuis 7 ans. Pourquoi ? Parce que quand tu montes une scène, et là pour nous 5 [scènes], ça compte très cher pour la première journée, et le deuxième jour, ça compte 50 % du prix du 1er jour. Le cadre qu’on a est incroyable, c’est une île bucolique, mais son seul défaut, et c’est aussi son avantage, c’est que c’est une île : on est limité en termes de gens. Et donc on a une rentrée d’argent pour les billets limitée. Mais, avec deux jours de festival, on a un budget plus grand et donc on peut faire des trucs plus fous. C’est pour ça cette année qu’on a cette petite scène secrète cachée dans les arbres et qu’on organise une croisière avec des gens qui partent du centre de Paris pour faire 4H de bateau avec des DJ dingues et arriver à EPK pour continuer à faire la fête. Et puis, comme j’aime beaucoup différents types de musiques, je peux faire venir encore plus d’artistes différents. On est un des seuls festivals à proposer autant de genres et de styles musicaux. »
En parlant d’artistes, quel est l’artiste que tu attends le plus sur cette édition, à part toi-même ? (rires)
Joachim Garraud – « Ce serait prétentieux pour moi de dire ça (rires). En tant que producteur, j’aime bien Mandragora, parce que c’est quelqu’un qui joue vraiment sa musique à lui. Au niveau musical, j’aime bien Purple Disco Machine, c’est de la musique « un peu plus calme », mais aussi les Brésiliens de Vintage Culture. »
Pour cette édition 2021, il y a pleins de nouveaux noms mais aussi plein de revenants, déjà programmés pour l’an passé, comment as-tu réussi à bloquer ou re-bloquer tous ces artistes ?
Joachim Garraud : « C’est parce que j’ai une très bonne équipe de production, avec des gens qui travaillent à l’année et gèrent ça. Cette année est aussi spécifique, car c’est la reprise pour les artistes et, comme ils étaient déçus de pas pu avoir jouer l’année dernière, ils sont venus cette année. EPK est aussi assez bien connu des artistes car le cadre est vraiment spécifique, tu joues sur une île au milieu des arbres quoi, avec les gens qui se baladent partout, et c’est un des rares festivals en Europe qui est produit par un artiste. Ils savent qu’ils seront bien accueillis puisque je suis moi-même un DJ et je me mets à leur place. Je sais exactement ce qu’ils leur faut avec un village pour eux, des zones agréables et ça leur fait plaisir. »
Qui est, pour toi, le talent en devenir, que tu as repéré cette année ?
Joachim Garraud : « Je peux pas te donner de noms car ce serait faire une sélection (rires). J’ai plus d’affinités avec des gens comme Bob Sinclar qui sont des amis et qui viennent manger à la maison. Ҫa fait plaisir de le voir sur scène et il est fier de venir, car il sait que c’est un festival que je porte à bout de bras depuis 11 ans, avec des années où j’ai failli arrêter, comme en 2017 avec deux jours de pluie non-stop. »

D’où te vient cette passion pour l’électro ?
Joachim Garraud : C’est la musique que je joue et que je produis. J’ai eu la chance de produire les 3 premiers albums de David Guetta, une centaine de chansons un peu électro-pop. Et j’ai la chance d’avoir cette formation musicale au conservatoire et c’est pour ça que quand je suis sur scène, il m’arrive de jouer en live. »
Pour toi, la meilleur façon de profiter du festival c’est… »
Joachim Garraud : « … de venir de bonne heure pour voir les lieux différents, toutes les scènes et tous les DJ. 2ème conseil : venez déguisés car pour moi, c’est important que le spectacle soit à la fois sur scène et dans la foule. C’est trop bien de faire partie du spectacle en venant déguisé avec ta bande de copains. Quand t’as Obélix, Astérix, le chien et le droïde, tu profites à fond de la musique, tu fais des photos avec des vaches et tu vas faire des sauts à l’élastique, tu vis une expérience quoi. (rires) »
Est-ce que tu arrives quand même à apprécier les sets, malgré les soucis de l’organisation ?
Joachim Garraud : « Non je peux pas les apprécier réellement. Bon, là j’ai pas de talkie cette année, je m’en suis libéré parce que tu es tout le temps en train de répondre à une question (rires). Mais j’ai quand même la pression du producteur et celle d’artiste quand je suis sur scène. Il faudrait que j’arrive à me libérer de la casquette du producteur quand je joue mais je peux pas m’empêcher de voir avec l’œil du producteur les détails techniques. Donc parfois, ça fait du bien quand je joue et je n’organise pas : je mets les pieds sous la table (rires). Comme je suis assez perfectionniste, j’aime bien contrôler et être certain que tout fonctionne. C’est dans les détails qu’on essaie d’être à la hauteur. »
Et en plus tu fais les transitions musicales ?
Joachim Garraud : « Oui, j’arrive, je dis bonjour aux potes et à l’artiste. Je le rassure, je lui dis que t’as 5 minutes pour t’installer, je l’annonce et puis il est parti pour son set. »

Quand le festival sera terminé, tu feras quoi ?
Joachim Garraud – « Je joue en Ukraine, j’ai un festival, mais là je suis juste DJ. Et sinon, je fais beaucoup de musique et je prépare en ce moment un album avec Chris Willis, avec qui j’ai collaboré pour les 3 premiers albums de Guetta, qui sortira avant la fin de l’année. Et j’ai aussi un album beaucoup plus techno, sur mon label Underground Music, au nom de mon groupe We are Brut. »
Parlons peu, parlons bien : est-ce qu’en 2022, on va revoir un EPK sur deux jours ?
Joachim Garraud : « Alors la bonne nouvelle, c’est que j’ai re-signé en 2021 pour 5 ans. Donc on est parti jusqu’en 2025 si tout se passe bien. On va essayer de faire deux jours et une soirée, le vendredi soir. Mais peut-être avec encore un style de musique différent. Je peux pas vous en dire plus mais on a un projet depuis 2019 sur ça. Le jour où on fera le vendredi soir, je veux que ce soit un truc que personne d’autre n’aura fait avant. Donc rendez-vous l’année prochaine ! »
Évidemment, Place Quatre y sera ! Merci à Joachim Garraud d’avoir pris le temps de répondre à nos questions, entre deux transitions musicales et la gestion des affaires techniques.
L’équipe Place Quatre remercie les équipes presse d’Elektric Park Festival pour leur disponibilité et leur chaleureux accueil sur l’évènement.
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